"toutes ces bonnes âmes.."

Par Le 04/11/2018

Qu'elles sont belles toutes ces bonnes âmes qui confondent islam et islamisme (critiquer le second serait forcément s'en prendre, par "islamophobie", à tous les musulmans) ;

toutes ces bonnes âmes qui refusent la liberté d'expression quand il s'agit d'évoquer une religion et de porter un regard critique sur ses dérives, ses pratiques, ses prêches, ses doctrines ;

toutes ces bonnes âmes qui cherchent à requalifier toute critique concernant une religion en blasphème et en diffamation pour les croyants qui se sentiraient atteints dans leurs valeurs ;

toutes ces bonnes âmes qui réduisent la liberté de conscience à la seule liberté de religion et donc d'exercer un culte ;

toutes ces bonnes âmes qui oublient que des droits entraînent aussi des devoirs ;

toutes ces bonnes âmes qui prétendent que la laïcité guillotinerait l'islam (propos de Karim Amellal, monsieur anti-cyberhaine) ;

toutes ces bonnes âmes qui culpabilisent en dénigrant les laïques sous le terme de laïcards (crucifions les comme à Golgotha !), en les qualifiant d'islamophobes, en les associant à la fachosphère, en les comparant à des adeptes radicalisés d'une autre religion extrémiste qu'ils appellent laïcisme (même terme employé chez Civitas et consorts, ça doit être ça la nouvelle convergence des luttes) ;

toutes ces bonnes âmes qui assimilent systématiquement ceux qui dénoncent les travers dangereux de l'islamisme, pouvant aller par paliers successifs et inexorables jusqu'au djihadisme le plus meurtrier, à la mouvance d'extrême-droite identitaire et fascisante, sans voir le fascisme de l'islamisme également identitaire et communautariste ;

toutes ces bonnes âmes qui manient la victimisation systématique sans jamais responsabiliser ;

toutes ces bonnes âmes qui racialisent en prétendant lutter contre le racisme tout en promouvant eux même des actions ou un discours pseudo-sociologique raciste "anti-blancs" (être musulman étant dans cette rhétorique synonyme de "non blanc" puisque la religion racise) ;

toutes ces bonnes âmes qui résument le port du voile dit "islamique" à la formule selon laquelle le voile serait "mon droit (c'est vrai pour une adulte d'un strict point de vue juridique), ma liberté (ça se discute d'un point de vue idéologico-religieux), mon choix" (ça se discute aussi d'un point de vue politico-idéologique) ;

toutes ces bonnes âmes qui chantent les louanges d'un voile en tant que marqueur d'un "nouveau" féminisme qui pourrait être spécifiquement musulman (comme si le féminisme universaliste était en soi à bannir parce que trop "occidental", trop "blanc" , trop raciste puisque forcément dominant et colonisateur) ;

toutes ces bonnes âmes qui qualifient le voile de simple accessoire vestimentaire tout à fait banal, sans aucune signification idéologique et le comparent à la minijupe ou aux taillons aiguilles (Rokhaya Diallo) ;

toutes ces bonnes âmes qui qualifient d'obligation divine une obligation religieuse donc humaine (et masculine) pour les filles dès leur puberté (imam Mohamed Bajarafil prétendument républicain et modéré et modéré en tant que représentant d'un islam du juste milieu en France et en France) ;

toutes ces bonnes âmes qui relativisent la gravité du voilement des fillettes en arguant qu'elles ne chercheraient qu'à imiter leur maman (propos de Feïza Ben Mohamed ou Mohamed Bajrafil) ;

toutes ces bonnes âmes qui doutent encore de l'absence de contrainte aboutissant au port du hijab par des gosses, ni plus ni moins endoctrinées sans aucun autre choix digne de ce nom (le manque de conviction de Christophe Castaner à ce sujet est d'autant plus grave qu'il est désormais ministre de l'intérieur) ;

toutes ces bonnes âmes qui ne veulent pas voir qu'au travers du voile, il s'agit aussi et peut-être surtout d'un outil de promotion d'un certain islam communautariste, séparatiste, très politisé sous couvert de religiosité, revendicatif servant à promouvoir la pureté, la pudeur donc la respectabilité, la modestie et la piété de la femme musulmane voilée, mais surtout à mieux désigner la femme non voilée comme moins pure, moins respectable, moins pudique, moins fidèle, moins "bonne" croyante, moins "bonne" pratiquante ;

toutes ces bonnes âmes qui oublient de voir que ces représentations ostentatoires des femmes voilées ont aussi une incidence considérable sur la construction de l'identité sexuée des enfants et des adolescents des 2 sexes, à l'encontre de l'égalité en droits fondamentale entre les hommes et les femmes ;

toutes ces bonnes âmes qui feignent d'ignorer que l'homosexualité est sévèrement réprimée au nom d'une vision rigoriste de l'islam ;

toutes ces bonnes âmes qui enferment donc les individus dans des schémas comportementaux très codifiés, immuables car doctrinaires ;

toutes ces bonnes âmes qui empêchent de réaliser que par paliers progressifs, les pratiques fondamentalistes cultivent l'idée d'une hiérarchie entre les humains dont la valeur serait jugée à l'aune de leurs croyances en un dieu (le pire étant de n'adhérer à aucune religion), entretiennent la crainte obsessionnelle de la mixité, du corps et des plaisirs qu'il peut procurer, de la sexualité, des pêchés, de la faute, de la punition divine avec l'enfer à la clé, en arrivent à hiérarchiser la vie sur terre comme de moindre valeur que celle au paradis promis comme une récompense pour les efforts fournis et les contraintes acceptées ;

toutes ces bonnes âmes qui confondent sciemment et savamment la confusion entre fraternité en humanité sur un mode citoyen et fraternité en dieu sur un mode très œcuménique ;

toutes ces bonnes âmes qui omettent de se souvenir que tous les pays sous le joug des partis islamistes imposent le port de ce bout de tissu qui raconte tout un projet politique et porte une histoire lourde de plusieurs centaines de milliers de morts comme en Algérie dont l'Histoire est aussi proche dans l'espace que dans le temps ;

toutes ces bonnes âmes qui oublient le combat des femmes dans nombre de pays où l'islam est religion d'état, comme en Iran chiite ou en Arabie Saoudite sunnite, pour avoir le droit de ne pas porter ce fichu "voile" plus ou moins couvrant (hijab, jilbeb, niqab, tchador, burqa), sans être menacées de prison ou autre peine plus mortelle ;

toutes ces bonnes âmes qui sont persuadées de lutter encore contre la lutte des classes en soutenant des revendications politico-religieuses d'un sous groupe communautaire arrogant, querelleur, procédurier, s'estimant à la fois supérieur et lésé, prétentieux au point de laisser entendre qu'il représenterait avec la force de son verbe instruit l'ensemble d'une communauté de croyants pour la plupart discrets et silencieux parce que d'abord citoyens ;

toutes ces bonnes âmes qui s’accommodent d'un discours selon lequel des mouvements proches des frères musulmans serait finalement moins dangereux que les discours salafistes et/ou wahhabites, que certains pensent encore peu inquiétants parce qu'ils seraient quiétistes,

toutes ces bonnes âmes qui donnent des leçons de tolérance pour l'intolérable ;

toutes ces bonnes âmes qui sont sourdes aux voix des citoyens républicains par ailleurs musulmans, comme Mohamed Louizi ou Fatiha Boudjahlat, qui se disent intégrés à la nation avec ses lois communes avant de l'être à une communauté fraternelle de religion (oumma) avec ses lois religieuses, aux voix lucides de ceux qui ont traversé et sont revenus d'un islam de combat comme David Vallat , ou aux voix de ceux qui, originaires de pays musulmans, revendiquent le droit d'être en toute impunité athée ou croyant d'une autre religion que l'islam ...

toutes ces bonnes âmes qui feignent d'ignorer qu'un projet politico-musulman est en train de s'organiser avec des partisans jeunes, minoritaires mais nombreux, efficaces car solidaires, lettrés, soutenus par toute une sphère universitaire, très au fait des nouvelles technologies de communication, entendant s'engouffrer dans le projet d'association musulmane pour l'islam de France que le CFCM ne défendrait pas comme ils le souhaitent ;

toutes ces bonnes âmes qui pensent que le mouvement L.e.s. Musulmans issu de « Musulmans de France » (ex UIOF du frère musulman Amar Lasfar ), avec le soutien très actif du CCIF (avec l'aura de Marwan Muhammad et Samy Debbah) représente vraiment l'ensemble des citoyens français musulmans et constitue un interlocuteur valable pour construire et définir le cadre d'un islam de France en France, compatible avec les principes d'une « République indivisible, laïque, démocratique et sociale » qui assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion, qui respecte toutes les croyances sans en reconnaître ni privilégier aucune, qui consacre la prévalence de la liberté de conscience et d'expression.

S.B

république islamisme esprit laïque islam