Les pédophiles, l'Église et les parlementaires.

Par Le 30/09/2018

Les pédophiles, l'Église et les parlementaires.

 Aujourd'hui, dimanche 30 septembre, est publié un appel étonnant dans "Témoignage Chrétien". Un appel de personnalités demandant "une enquête parlementaire pour faire la lumière et la transparence sur les crimes de pédophilie et leur dissimulation par l'Église catholique" est diffusé.

Que voici une curieuse demande !
Comment, donc, des citoyens français trouveraient normal, passant outre la justice, de demander à la représentation nationale d'enquêter sur un système opaque généré par... l'Église catholique française ?

Il semble que ce ne soit pas une demande fantasque, si l'on tient compte des premiers signataires de cette demande.
Nombre de personnes de premier plan, issues de la représentation nationale, d'anciens ministres, de personnalités publiques ou d'avocats ont signé cette tribune de "Témoignage chrétien".
On y trouve aussi des écclésiastiques.

Quelle est le but de cette demande?
Faire que l'État s'empare de l'enquête et fasse des crimes de pédophilie de l'Église une cause nationale.
L'idée peut paraître interessante, novatrice et républicaine. A l'instar d'autres pays qui ont résolu cette question en mettant l'État à contribution dans la recherche de la vérité.

Mais en France qu'en est-il ?
Premier point à aborder.
-La France est un état de droit, et son droit se base sur l'individu.L'individu face au droit.
Certes, il y a sûrement matière à fustiger l'institution " Église", mais se sont bien les victimes qu'ils convient de protéger, d'indemniser, d'entendre et d'accompagner vers la reconnaissance des actes barbares qu'elles ont subis.
Et c'est chacun des criminels qui doit être puni à la hauteur des actes commis.

Le second point est plus complexe.
-La France est un pays laïque.
À ce titre, ces institutions n'ont pas à juger du fonctionnement d'instances religieuses. Elle peuvent en punir le débordement public mais ne peuvent juger du fonctionnement interne sans fragiliser la séparation entre l'État et les Églises instituée en 1905.
Si la justice détermine qu'un système a conduit à des crimes individuels, l'État peut très bien sanctionner l'église catholique en la privant des subsides qu'il verse dans certains cas de missions d'intérêt général.
Voire en supprimant des avantage fiscaux, pour certains accordés par cette mandature.Mais il faut que la justice passe.
En aucun cas, la représentation nationale n'a à s'attacher à décortiquer le fonctionnement d'une institution qui ne se réfère qu'à Rome dans son organisation. L'Église n'est pas un service public.
Malgré sa présence séculaire, l'Église catholique est une institution hors-sol qui ne se plie aux lois républicaines que lorsqu'elle sort de son rôle liturgique pour valider un rôle fiscal dans les actions sociétales qu'elle mène.

C'est à la justice de se saisir de cette question, au ministère de la justice
d'aller chercher les prieurs déviants et les punir pour leurs crimes, de demander des réparations financières, pour les dommages subis. Il y a fort à parier que c'est l'Église qui doive payer la facture.
Le constat de ces affaires à répétition est que depuis de nombreuses années, des victimes ont subi des violences sexuelles et que la chaîne hiérarchique a caché ces actes en organisant même le camouflage des criminels pervers.
Mais il y a bien des noms et personnes qui ont caché ces crimes, qui se sont rendus coupables d'aide active au détounement de la vérité.

Juger l'institution fait courir le risque de dédouaner les acteurs de cette organisation qui ont caché des crimes ou qui les ont commis. Les archives diocésaines peuvent très bien être ouvertes par un juge sur le modèle de l'anti-terrorisme ou encore de la lutte contre l'évasion fiscale.
En demandant d'aller au bout de la chaîne de commandement,jusqu'au Vatican, s'il le faut, en ne pliant pas pour des raison diplomatiques, la justice peut faire son travail.
D'autant que c'est maintenant une certitude, c'est bien un système qui a permis ces actes immondes.

Entendre la plus haute autorité écclésisatique de France, Monseigneur Barbarin, se féliciter que les faits les plus anciens soient prescrits est déjà une offense impardonnable faite aux victimes. Puisqu’il n’est question que de brebis galeuses, chiche, qu’on ne juge alors que celles-ci, mais alors toutes, sans restriction d’âge ou de position dans la hiérarchie catholique.
Si, de plus, il n'y a que les institutions qui sont jugées et non les criminels....

Une commission parlementaire ne peut aller sur le terrain de la justice, des faits criminels en vertu de la séparation des pouvoirs.
Mais elle peut décréter la fin des versements financiers à l'Église.
Or ce n'est pas ce qui est demandé ici.
Il est demandé à une institution républicaine d'enquêter sur une institution qu'elle n'est même pas censée reconnaître.

Si l'Église ne fait pas la lumière d'elle-même, si elle ne devient pas actrice de la vérité, il faut la contraindre par la justice.
Le rôle des parlementaires serait plutôt de sanctionner en coupant, par exemple, le robinet de l'argent public et en décidant de reporter ces fonds sur les services de la justice ou vers les victimes connues ou inconnues à ce jour.

Continuer à nourrir une institution qui organise l'opacité autour de crimes injustifiables est une hérésie républicaine.
C'est une cause citoyenne que de réclamer la vérité, mais c'est à la justice de s'emparer de la question et condamner les criminels.
À l'État donc de couper les fonds et les relations avec l'Église romaine tant que la vérité ne sera pas faite sur le fonctionnement qui a conduit à taire des crimes, exercer des pressions sur les victimes et leurs familles pour qu’elles ne portent pas plainte et soustraire ainsi méthodiquement leurs auteurs à la justice.....

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